Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208

n’était pas trop foulée par le nombre des militaires qu’elle avait chez elle.

Un de ces commissaires entra sur ces entrefaites ; c’était Charles de Moncourt. Il salua respectueusement Joséphine ; et venant vers moi avec empressement, il me demanda des nouvelles de ma blessure. Je l’assurai que je me portais bien ; puis, lui disant un mot rapide qu’il comprit, il se tourna vers Joséphine ; et lui présentant la main, il l’engage à venir trouver les commissaires. La hauteur de Joséphine ne lui permettant pas de croire que je dérogeasse jusqu’à une roturière, me servit parfaitement. Elle sortit avec Charles ; et Jenni, en allant fermer la porte, qu’ils avaient laissée ouverte, par mégarde apparemment, poussa le verrou. Je m’en aperçus : elle revint vers moi :

— „Ah ! M. Philippe, les belles choses qu’on raconte de vous ! On dit qu’après avoir placé votre drapeau sur la muraille de la ville, vous en avez pris trois aux ennemis.”

„Oui, lui repartis-je, j’en ai même gardé un avec moi.”

„Je voudrais bien le voir.”

„La chose est facile : passe par ici ; là, bien : donne-moi ton bras, je suis trop faible pour le sortir moi-même de mon lit, dans lequel je l’ai caché : le tiens-tu ?”

„Je crois, dit-elle en rougissant, que j’en ai le manche dans ma main.”

Alors je l’attire doucement vers moi. „Eh !