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présomptueux Saint-Clair, nous offraient une résistance bien faite pour exciter notre émulation. Le bruit de l’artillerie, le sifflement des balles, les cris des combattans, l’épaisse fumée qui s’étendait à l’entour, tout m’enflammait davantage ; portant toujours le drapeau blanc, je m’élançais vers la brèche affrontant les fusillades de nos ennemis. Honorée était près de moi, Charles, Germain, Armand, dirigeaient leurs effort vers les miens : nos soldats, surpris de rencontrer tant de bravoure dans des enfans (nous l’étions par notre âge), nous secondaient vaillamment. Tandis que nous combattions vers le midi de la place, par une marche habile, M. de Barene tourna les positions des troupes ennemies, et parut sur leurs derrières, lorsqu’on croyait la totalité des escadrons vendéens réunis sur le point par lequel j’attaquais ; à la vue de ces cohortes, que l’on crut être les premières de l’avant-garde du général Charrette, la confusion commença à s’introduire parmi les républicains. L’œil perçant de Saint-Clair m’ayant distingué au milieu des ruines et des tourbillons de poussières, il accourt vers moi, le pistolet au poing, il me tire et me manque ; je lui porte un coup de mon épée, en lui prodiguant les noms les plus offensans ; son adresse lui servit à éviter mon fer ; mais nos Vendéens, redoublant de vaillance, s’empressèrent tellement de me défendre, que je ne pus joindre Saint-Clair, qui, voyant