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venus, et que pendant l’absence des principaux habitants de M...., ils se sont emparés de cette ville. On se rassemble sur-le-champ en conseil de guerre, après avoir ordonné à nos troupes de se ranger en ordre de bataille. Arthur de Fleradec parla le premier.

— « Je crois, dit-il, qu’il faut se retirer vers le quartier-général de l’armée royale ; nous ignorons à quel nombre se porte le secours envoyé par les républicains : on ne peut, sans manquer aux lois de la prudence, attaquer un ennemi peut-être supérieur à nous par ces forces. »

« — J’appuie votre avis, dit à son tour M. d’Ergassan, qui comme Arthur avait des possessions dans la ville de M.... Nous ne pouvons pas beaucoup compter sur les hommes qui viennent, par un mouvement d’enthousiasme, de se joindre à nous ; craignons que leur premier feu se ralentisse s’ils voient leurs propriétés en proie aux flammes, ainsi qu’il doit être si nous essayons de forcer les portes de la ville.”

Ces deux avis, dictés par l’intérêt, furent adoptés par plusieurs autres membres du conseil ; je vis qu’ils allaient l’emporter ; alors me levant, je m’adressai aux paysans ainsi qu’aux soldats dont nous étions environnés.

— „Camarades, leur dis-je, m’avez-vous choisi d’un libre consentement pour être votre chef ?”

— „Oui, s’écrièrent-ils avec force.”