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sacrées, bénissez les soldats de l’église, appelez dans leur ame ce courage qui leur est héréditaire. Aux armes ! Vendéens ! marchons, au nom du ciel et du roi.”

À ces mots prononcés avec véhémence, le feu qui me dévore passe dans tous les esprits, partout s’élèvent les cris de vive le roi, vivent nos seigneurs ! par un mouvement spontané chacun tire son épée, on les croise, on pose un genoux à terre, et l’évêque d’Agra, présent à cette touchante cérémonie, imposa ses mains et nous bénit tandis que le canon gronde, et que les premiers rayons du soleil viennent se réfléchir sur les drapeaux blancs que l’on agite. Non, je ne perdrai jamais le souvenir de cette imposante journée, je vois encore les vieux guerriers pleurant de joie sur notre jeune courage ; je vois une foule d’adolescens, beaux de leur bravoure comme de leur ardeur, recevoir des mains innocentes de la beauté les écharpes à leur couleur, et partout la jeunesse s’enflammer elle-même.

Au milieu de ces héroïques transports un nouveau bruit se fait entendre, les clochers de M.... sonnent le tocsin, le bronze de ses remparts tonne sur notre petite armée, et sur les tours de ma ville vassale flotte l’étendard aux trois couleurs.

L’allégresse est suspendue ; nous comprenons que les républicains, instruits de nos mouvemens ainsi que de nos projets, nous ont pré-