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fut nommé par le général Charette pour diriger notre fougueuse impatience : et quel autre eût mieux été choisi ?

M. de Barene n’était point grand, mais il était d’une structure agréable ; son corps ne manquait pas de grâce, sa figure était fraîche, et ses cheveux blonds : l’honneur le plus pur dominait dans son ame, qui jamais ne s’égara. Inébranlable dans ses principes, vertueux sans faste, brave sans ostentation, généreux par caractère, galant comme un preux chevalier, d’une discrétion à toute épreuve, tel était M. de Barene. Il aimait à plaire, et les soins qu’il donnait à sa toilette annonçaient ce désir si naturel dans l’ame d’un généreux Français. Il venait de rentrer en France pour remplir une mission importante, lorsqu’il fut arrêté.

Honorée, ne voulant point se séparer de son père, marcha avec nous ; maman lui donna Fanchette pour l’accompagner, qui, depuis qu’elle se voyait entourée de cette foule brillante de jeune noblesse, était devenue d’un royalisme sans exemple.

La coquette me faisait de temps en temps quelques infidélités. Mais une fille peut-elle, me disais-je lorsque je voulais l’excuser, s’empêcher d’aimer, se trouvant journellement avec des chevaliers galans et braves ?


Un courrier nous avait déjà devancés : le curé de M..... se hâta de rassembler ceux