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conquête ; préparez-nous les voies qui doivent la faire tomber en notre pouvoir. »

Je m’inclinai, et pris la résolution de ne pas perdre de temps. Je sortais de la tente de Charrette pour reconduire ma mère et Honorée vers le logement qui nous avait été marqué, lorsque je fus environné d’une foule impatiente de me revoir ; parmi eux se distinguaient Charles de Mercourt, mon ami du cœur ; Armand de S...., fier de sa haute naissance, savait y joindre les avantages donnés par une instruction solide et agréable l’impétueux Germain d’A....., royaliste dans l’ame, qui, méconnaissant le danger, trouvait des charmes à le braver ; le prudent, le réfléchi Paul de Melfort, et quelques autres, tous compagnons de mon enfance, tous agités des mêmes sentimens.

Ils étaient sortis, comme nous, de Nantes par différentes portes, et tous se rallièrent sous les mêmes drapeaux ; leur arrivée causa aux principaux chefs de la Vendée une joie véritable ; ils pensaient, avec juste raison, que notre présence donnerait un nouveau degré à l’énergie de nos vassaux qui, combattant sous nos ordres, se croiraient invincibles si nous partagions les communs périls. Mes amis et moi, après avoir donné quelques instants à nos familles, nous partîmes pour nos terres, presque toutes voisines les unes des autres ; le duc de Barene mon oncle,