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voilà ses jeux ; des triomphes glorieux, voilà ses fêtes.

Après avoir quelque temps suivi la route de Paris, nous tournâmes nos chevaux vers un chemin dont les détours aboutissaient aux positions occupées par les royalistes. Nous ne tardâmes pas à rencontrer un détachement de Vendéens qui, nous apercevant, vinrent sur nous à bride abattue ; comme nous n’avions pas dessein de les éviter, ils nous eurent bientôt entourés. M. de Barene s’avança vers eux, et leur faisant un signe connu de tous, il leur apprit que nous n’étions pas des ennemis. On nous conduisit au quartier-général ; là, quand on eut reconnu le duc, sa fille, la comtesse d’Oransai, le vicomte Philippe, on nous témoigna, par mille preuves aimables, le plaisir qu’on avait de nous revoir.

— « Jeune homme, me dit Charrette, depuis long-temps nous vous attendions. »

Ces mots appelèrent la rougeur sur mon visage, ils me semblèrent être la critique de ma conduite ; mais je me promis bien d’effacer les impressions peu favorables que mon inertie avait pu faire naître.

— « Général, reparti-je, je viens pour exciter mes vassaux, pour les armer, et les conduire moi-même. »

— « Ainsi en eussent agi vos ancêtres ; mais ne perdez point de temps, la ville dont vous êtes le seigneur suzerain, doit devenir notre