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que mon bonheur fut grand ! je parvins à lui sauver la vie au moment où un Vendéen allait l’immoler. Mes soins, l’intérêt que je témoignai pour lui, ses services généreux que je publiais hautement lui gagnèrent l’estime de Charette. Ce général prit Hippolyte sous sa protection particulière. Voyant alors qu’il n’avait plus besoin de moi, brûlant de me rendre auprès de mon père, dont je connaissais le danger, redoutant d’être prévenue par Saint-Clair, je partis pour Nantes ; le reste vous est connu. Juge maintenant de ma haine pour Saint-Clair, et de l’amitié qu’Hippolyte m’inspire.”

Comme ma cousine terminait son récit, Hippolyte reparut, nous apportant les passeports nécessaires, et qu’avait su nous procurer son active amitié. M. de Barene le pressa vivement de nous suivre : „Brave jeune homme, lui dit-il, vous n’êtes point fait pour le parti que vous soutenez ; tôt ou tard vous en deviendrez la victime ; venez avec nous partager notre fortune…”

„Non, monsieur, répliqua Hippolyte ; je ne consentirai jamais à trahir la cause pour laquelle j’ai combattu. Je ne vous le cacherai point, j’aime la république en détestant ceux qui commettent des crimes en son nom ; mais je la défendrai jusqu’à mon dernier soupir ; et en sauvant les victimes de l’anarchie, je combattrai les ennemis de la constitution.”

On ne poussa pas plus loin la conversation