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atteint la campagne, je rencontrai des sentinelles, mais le mot d’ordre me sauva ; partout on me crut chargée de quelques dépêches secrètes, et nul obstacle ne me barra dans mon chemin. J’avais marché l’espace d’une demi-heure, lorsque le cri qui vive ! se fit entendre ; ayant reconnu l’accent vendéen, je répondis : royaliste. À ces mots, on s’approche de moi, je me nomme, et l’on me conduit à Charrette. Ce vaillant général marchait cette même nuit à la tête de ses troupes, pour aller attaquer les républicains dans leurs retranchemens. Ce fut avec bien de la joie que je fus reconnue. On voulait m’envoyer prendre du repos ; mais je m’y refusai, voulant partager les nouveaux dangers que courait mon parti. La diligente activité de Charrette parvint à surprendre les républicains, qui se croyaient à l’abri d’un coup de main. Au milieu de la nuit le bruit de l’artillerie, les clameurs, les cris mille fois répétés de vive le roi ! allumèrent la crainte dans leur ame ; on s’arme cependant, on voulut combattre ; mais que pouvaient des troupes à moitié endormies, qui n’avaient pas le temps de s’armer ? Saint-Clair, lâche dans le péril, fut le premier à pousser le cri déshonorant : sauve qui peut ! Hippolyte ne partagea point ses méprisables sentimens ; il rassembla quelques soldats moins effrayés et soutint, pendant plus d’une heure, un combat aussi désavantageux. Un coup de fusil le jeta par terre : et