ce délicieux moment. Ah ! Hippolyte, combien nos cœurs te vouaient de reconnaissance ; combien j’eusse voulu prendre ta place ! Qu’ils me semblaient grands les droits que ta générosité te donnait sur ma cousine !
Cependant, après les premières émotions calmées, on s’écoute, on s’apprend les divers événements que j’ai déjà décrits. Le duc et Hippolyte, redoutant la vengeance des Saint-Clair, vengeance qui acquerra une nouvelle extension lorsqu’ils seront instruits de l’élargissement de M. de Barene, nous conseillent de nous y soustraire par une prompte fuite ; mais Honorée ne veut plus quitter son père ; je ne veux pas laisser une mère chérie exposée à la fureur des ennemis. Que faire ? Je demande à nos parents de nous accompagner ; ils y consentent, et la nuit prochaine est fixée pour l’époque de notre fuite. Hippolyte se charge de nous procurer des passeports pour Paris ; et, tout à ce sujet, mon oncle, fatigué, va se livrer au sommeil, et madame d’Oransai s’occupe des préparatifs de notre départ.