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MADAME D’ORANSAI.

Il faut prévenir leurs projets : partez demain, et cherchez au milieu des phalanges vendéennes un asile que les méchants détruiront difficilement. Jeunes infortunés, poursuivit-elle, qui l’eût dit, lorsque votre naissance nous causa tant de joie, que nous verrions naître des époques où nous serions obligés à verser des larmes sur vous, et à vous abandonner dans votre adolescence à votre propre force ?

PHILIPPE.

Ô ma mère ! ne crains rien ; ton fils, ton Honorée, ne t’oublieront jamais ; ils sauront se conserver dignes de toi, et dignes du nom qu’ils portent tous deux.

Honorée joignait ses serments aux miens, lorsque nous vîmes tout à coup paraître, sans être annoncé, un individu, la tête couverte d’un large chapeau rabattu sur les yeux, et le corps enveloppé d’un manteau militaire. Surpris de cette apparition, nous restons immobiles ; alors l’inconnu se découvrant, Honorée, qui le reconnaît, pousse un cri, lui présente la main, qu’il baise avec respect, et le nom d’Hippolyte sort de la bouche de ma cousine. Nous ne doutâmes point que cet étranger ne fût de la connaissance d’Honorée, et je me rappelai, au nom d’Hippolyte, qu’on avait ainsi appelé le jeune homme qui, trompant Saint-Clair, avait