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contre-révolutionnaire ; elle sent bien le fanatisme ; votre âge peut seul la faire excuser.

HONORÉE.

Et le vôtre devrait vous faire rougir du langage que vous tenez, et de l’intrigue que vous voulez faire réussir.

LE MUNICIPAL.

Citoyenne d’Oransai, je vous rends responsable des discours que l’on tient en votre présence ; répondez-moi catégoriquement : accueillez-vous ma demande, oui ou non ?

MADAME D’ORANSAI, cherchant à se contenir.

Je vous l’ai déjà dit, je ne puis rien faire sans le consentement formel de mon beau-frère.

LE MUNICIPAL.

Allons, allons, ceci n’est qu’un jeu ; on veut se moquer des magistrats du peuple ; mais ça ne se passera pas ainsi ; on saura, citoyenne, vous enlever cette enfant que vous élevez dans des principes de royalisme ; et tant que son père sera renfermé, il lui sera donné un tuteur bon patriote, dont elle fera la volonté.

Il dit, et s’éloigne sans que nous fassions un mouvement pour le reconduire.

Dès qu’il se fut retiré : — „Ô ma tante, dit Honorée, dans quel temps sommes-nous ? Serait-il possible qu’on osât m’arracher d’auprès de vous ?