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LE MUNICIPAL.

Je sais tout cela, et voilà pourquoi je viens en causer avec vous ; la liberté du citoyen Barene dépend de moi et de mon fils ; il vous sera rendu si vous et la citoyenne Honorée me donnez par écrit votre parole d’honneur de le faire consentir au mariage que je vous propose.

MADAME D’ORANSAI.

Et si mon beau-frère refusait son consentement ?

LE MUNICIPAL.

On sait les moyens qu’il faut prendre pour le contraindre à ne point nous résister.

HONORÉE, impétueusement.

Ainsi le refus de mon père attirera de nouveaux malheurs sur sa tête ; ainsi vous forcez sa volonté ; et je dois devenir la proie de l’homme que tout me défend de recevoir comme mon époux ! Ouvrez les yeux, citoyen Saint-Clair, réfléchissez à l’immense distance qui nous sépare ; et si vous êtes honnête homme, rendez-moi mon père, sans exiger des conditions que je ne remplirai jamais.

LE MUNICIPAL, interloqué.

Citoyenne, citoyenne, voilà une réponse bien