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MADAME D’ORANSAI.

Qu’exigez-vous de moi, monsieur ?

LE MUNICIPAL.

Rien, absolument rien, quoiqu’on en fût le maître ; mais on vous prie de faire un hommage public à l’égalité, à la fraternité.

MADAME D’ORANSAI.

Et quel est, s’il vous plaît, cet hommage ?

LE MUNICIPAL.

Le citoyen Decius, mon fils, vous est connu ; il est républicain comme César, désintéressé comme Verres, qui tous les deux étaient de vigoureux patriotes romains. Il n’est pas mirliflore muscadin, mais il n’en vaut que mieux ; il s’est distingué contre les Chouans, il est un des commandants de l’honnête armée révolutionnaire ; il a de la fortune, ses supérieurs sont fort contents de lui, et si vous lui accordiez la main de la petite citoyenne Barene, il ne manquerait plus rien à notre satisfaction commune.

MADAME D’ORANSAI.

Vous oubliez sans doute, citoyen, que je ne puis pas disposer ainsi de la main de ma nièce ; que tant que son père vivra, il a seul le droit de lui choisir un époux.