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seront pas vains. Je jure, sur ce glaive paternel, je jure par les mânes de mes ancêtres, de vaincre en combattant pour la plus belle des causes. Ah ! dans ce moment, que nul autre motif ne vienne diminuer le mérite de ma résolution. Je combattrai pour l’honneur ; et quel que soit le sort qui m’attende, je trouverai toujours ma récompense dans ma conscience enorgueillie.

Ma mère, me pressant sur son sein, me dit alors : „Je voulais aujourd’hui provoquer cet enthousiasme que ta cousine a fait naître. Je préparais en secret l’exécution de mon projet. Apprenez, mes enfants, qu’une partie de la jeune noblesse nantaise est sur le point de se réunir aux Vendéens. Demain doit être le jour du départ. Marche dans ces rangs de héros, mon Philippe, et laisse-moi dans une ville que nous ne pourrions quitter ensemble sans les plus grands dangers ; j’irai bientôt te rejoindre, et jouir par moi-même des triomphes auxquels tu auras contribué.

— Je m’arrête ici pour apprendre au lecteur comment ma mère était venue interrompre ma conversation avec sa nièce. Rentrée chez elle avant l’heure qu’elle avait fixée, elle écrivait une lettre, lorsque la maligne Fanchette, qui venait de me voir aux genoux d’Honorée, entra dans sa chambre en lui disant qu’on venait de se disputer chez mademoiselle de Barene, qu’elle n’avait point osé entrer, mais qu’elle