Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
156

désirs exécrables, je ne ferais que hâter le trépas de mon père ! Non, non, tu ne me posséderas jamais.

SAINT-CLAIR.

Tremblez des suites de votre refus. Je sors ; et c’est pour hâter le supplice de M. de Barene, pour vous rendre la complice de sa perte.

HONORÉE.

Arrête ! arrête, barbare ! Peux-tu concevoir un semblable projet ? Eh quoi ! Saint-Clair, tout sentiment d’honneur est-il éteint dans ton âme ? La pitié n’y fera-t-elle point entendre sa voix ? Veux-tu, pour prix de la liberté de mon père, veux-tu l’assurance de posséder mes immenses richesses ? Sans peine, je te les abandonne ; mais sauve, sauve mon père.

SAINT-CLAIR.

Eh ! que peuvent m’importer les trésors que vous m’offrez, si je ne puis vous plaire ? Honorée, je sens que le bonheur de ma vie est attaché à votre existence, comme à votre possession ; et pour vous contraindre à partager ma tendresse, l’amour qui me brûle est capable de tout ; séductions, ruses, crimes, rien ne me coûtera. Votre père est le gage de vos sentiments : dites un mot, et je le délivre ; repoussez-moi, et sa tête tombe.

À ces dernières paroles, mon indignation,