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Je vous aime, madame, vous ne l’ignorez point ; vous savez ce que j’ai fait pour vous obtenir, et vous devez croire que je saurai faire plus encore : chargé d’une accusation grave, M. de Barene est sous le glaive de la loi ; il dépend de vous de l’en arracher, de lui assurer une existence paisible. Un mot, oui, madame, un seul, va le remettre dans vos bras.

HONORÉE.

Croyez-vous qu’il soit si facile de briser les fers de cet infortuné ? N’a-t-on pas appelé plus particulièrement sur lui l’attention des représentants du peuple ? Ne leur a-t-on pas dénoncé M. de Barene comme un ci-devant, chef des fanatiques, des royalistes, des rebelles ? N’a-t-on pas sollicité ces représentants à faire tomber une tête dangereuse pour le salut de la république ? Qu’en dites-vous, M. de Saint-Clair ? Ne trouvez-vous pas des entraves à l’accomplissement de votre généreux projet ?

SAINT-CLAIR, pâlissant et balbutiant.

Vos craintes sont trop extrêmes ; M. votre père n’est pas dans un aussi grand danger que vous l’imaginez.

HONORÉE.

Mais si ces dénonciations étaient constatées ? Si un écrit soustrait par l’intérêt le plus pur, et remis entre mes mains…