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elle se préparait à sortir pour faire des démarches tendantes au même but ; que sa joie fut grande quand je lui apportai la bienheureuse permission ! elle ne put s’empêcher de me serrer dans ses bras. Eh ! quelle plus douce récompense eût-elle pu m’accorder ?

Comme le papier du municipal ne portait que mon nom et celui d’Honorée, maman ne put point nous suivre ; elle confia ma cousine à mes soins ; et rentrant chez elle, elle fut s’occuper du projet qu’elle machinait depuis longtemps. Je ne crus pas nécessaire de prévenir Honorée que son entrevue aurait un témoin. Nous arrivâmes à la porte de la prison ; après une heure d’attente on nous appelle, nous entrons à notre tour, et le geôlier, après avoir vérifié notre permis, va nous conduire lorsque Saint-Clair, l’aîné, paraît devant nous. À sa vue, je vois Honorée tout à coup pâlir et rougir ; puis, sa contenance se rassure, et la fierté la plus dédaigneuse s’empreint dans son imposant regard. Saint-Clair, de son côté, avait reculé de deux pas. — Quoi ! dit-il malgré lui, est-ce là mademoiselle de Barene ? Je ne pus douter que ces deux personnages ne se connussent déjà.

— Oui, citoyen, lui répond Honorée, vous savez quel est mon nom.

Elle dit, le geôlier marche, nous le suivons ; Saint-Clair s’avance ; et ma cousine me serre fortement avec son bras ; je ne sais que penser,