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mon corps ; Fanchette qui le voyait aussi bien que moi, loin de se fâcher de la dureté de ma réponse, me réplique : — Je vois bien d’où vôtre colère a pris naissance, vous m’en voulez parce que Georges… — Le diable emporte Georges, lui dis-je avec énergie. — Ah ! monsieur Philippe, si vous saviez combien il est dangereux de le refuser, il m’a avant-hier menacée de vous dénoncer vous et votre mère, si je…

Cette idée que Fanchette n’avait cédé que par générosité, les désirs que ses charmes rallumaient dans mes sens, tout me jeta dans un délire inexprimable, l’honneur s’envola, je saisis la voluptueuse soubrette. Le flambeau est éteint, j’attire Fanchette vers ma couche, je palpe ses formes gracieuses, je partage son égarement, mon âge fournit de nouveaux aliments à ma fougue inconcevable. Oh ! combien l’ardente Fanchette se félicita d’avoir su vaincre ma résistance ! que de baisers, que de mouvements rapides, excitatifs ! tout son corps, tout le mien, reçurent les hommages les plus multipliés et les plus incendiaires ; quel plaisir n’éprouvait-elle pas, ma main embrasée, à parcourir les frais trésors qu’on lui abandonnait ! Quelle nuit ! qu’il termina bien, ce beau jour ! Je n’étais plus à moi, je ne vivais plus que pour jouir, et sur le sein palpitant de ma compagne, je jurai que ma vie entière serait consacrée à l’amour, que je le chercherais partout. Je disais,