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je me lèverai, et je compte assez sur son amitié pour espérer qu’il appuyera notre demande.

La vivacité que je mis dans ces peu de mots, toucha Honorée ; elle me remercia affectueusement. Comme elle avait besoin de repos, nous nous retirâmes ; et moi, agité et fatigué des diverses aventures de la journée, je me retirai dans ma chambre, croyant y trouver le sommeil, qui m’était immensément nécessaire.

J’étais déshabillé, ma lumière allait s’éteindre, lorsqu’on vient heurter à la porte de mon appartement — Que veut-on ? demandai-je d’un ton impatient. Une voix flûtée, et fort de ma connaissance, me répond : Madame votre mère vous demande sur-le-champ. Je ne fais point réflexion que je suis en chemise, j’ouvre, et je vois… mademoiselle Fanchette nue, absolument nue des pieds jusqu’à la tête, qui entre brusquement, ferme la porte, et se jette sur moi. La vélocité de cette attaque m’ôta d’abord la réflexion ; mais avec un effort qui me parut digne de l’héroïsme de ma cousine, je me dégageai, et d’un ton assez sec, je demandai à Fanchette quelle était son intention. — Vous ne m’aimez plus me dit-elle, en pleurant. — Arrêtez, lui dis-je, je ne vous ai jamais aimée, vous m’avez inspiré des désirs, ils ont été satisfaits, et me voilà tranquille. Je disais ainsi, mais un démenti formel était donné à mon discours, par ma chemise, qui s’avançait en bosse, environ huit pouces en avant de