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et je le fis si lestement, que Fanchette me crut sorti par une porte dérobée. Se levant aussi avec vitesse. — Qui est là, demanda-t-elle ?

— C’est moi.

— Qui moi ?

— Georges, qui vient vous chercher pour vous conduire au bal.

Le lecteur saura que M. Georges passait dans mon esprit pour le cousin de Fanchette. Ce Georges, assez bel homme, grand, bien fait, aux larges épaules, aux noirs sourcils, ne me plaisait pas du tout. — Que diable faisiez-vous sans lumière, disait-il ?

— Je viens de l’éteindre.

— Vous êtes seule ?

— Oui, lui dit Fanchette, trompée sur mon évasion.

— Puisque cela est ainsi, je vais t’aider à chercher ta bougie.

Surpris de ce tutoyement imprévu, je commençai à former quelques soupçons ; ils furent réalisés lorsque le drôle dit à Fanchette : La voilà, prends-la donc. Et Fanchette la prit ; mais au demi-cri qui lui échappa, je devinai le genre de bougie qui lui fut remise. Le lit sous lequel j’étais caché était près ; Fanchette s’en approcha, et s’asseyant dessus, tendit le chandelier à Georges, qui y plaça la chandelle d’une manière expéditive.

Transporté de colère, je ne me possède plus ; me voir insulter en ma présence, l’injure était