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MON ONCLE.

Tu partirais sans aller faire une visite d’adieux à madame de Closange ?

PHILIPPE.

J’y cours, mon oncle. Et voilà que je me mets à courir, que je franchis les degrés pour arriver plus vite, que je sonne, que la porte s’ouvre, qu’Euphrosine vient me recevoir, que je souffle la bougie qu’elle tient, que j’embrasse mon amie, qu’elle me le rend de nouveau, que nous renouvelons nos serments, que je lui jure fidélité éternelle, que j’allais lui… quand la voix maternelle se fait entendre ; me voilà donnant le bras à maman. Les yeux étincelants, les sens rallumés, le cœur gonflé de désirs, nous cheminions assez lentement, lorsqu’arrivés devant la porte de l’hôtel d’une des intimes amies de ma mère, qui logeait à deux pas de notre demeure, il prend fantaisie à madame d’Oransai de s’y arrêter quelques moments. À la proposition de ma très honorée mère, je me récriai, lui demandant en grâce de me permettre de revenir seul au logis ; maman ne voulant point me contraindre y consentit sans peine : je la laissai donc, et sans avoir une pensée bien arrêtée, je me pressai de me rendre à notre logement.

Le lecteur a oublié peut-être une certaine Fanchette qui, la première parlant à mes sens, me fit connaître ce que je pouvais faire. Eh