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Ô délicieux réduit ! pourquoi ton insensibilité t’a-t-elle empêché de jouir du plus délicieux spectacle qui se soit offert devant toi ? les persiennes sont abattues, un demi-jour règne autour de nous ; dans des vases de fleurs, reposent des fleurs suaves, dont les parfums nous embaument. Euphrosine sent son sein se soulever, je fais asseoir sur mes genoux cette enfant adorable ; là, nos bouches se confondent. Je détache les voiles jaloux qui la parent, une molle résistance redouble mon ardeur, une main hardie se glisse sous le vêtement soulevé, elle monte, elle approche. Euphrosine émue, me presse plus tendrement ; déjà je touche les colonnes du temple de l’amour, je les admire un moment ; enfin j’arrive au sanctuaire. Ma victime tressaille, et penchant sa tête sur mon cou qu’elle baise, elle ne se défend plus.

Qu’il est doux de courir rapidement au travers du bocage sacré qui environne le mystérieux asile, d’entr’ouvrir d’une main délicate et amoureuse ces portes de corail, d’aiguillonner le siège du plaisir qui se gonfle et se raidit dans ce moment. Nous ne connaissons plus rien, tout est oublié ; Euphrosine me reçoit dans ses bras ; je la porte sur son lit, je la baise, je l’excite, je l’enivre ; ma bouche, mes baisers vont partout, jouissent de tout, mais un soin plus important m’appelle : il faut que je sois le vainqueur d’Euphrosine, je cherche à cueillir le bouton ; mais, dieux ! que d’ob-