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amie ; mais je craignais que, la santé de mon oncle se rétablissant, mes visites devinssent moins fréquentes. Cher oncle ! si tu savais combien de fois ton perfide neveu a prié le ciel de prolonger ta maladie, tu lui montrerais moins d’amitié ! mais le traître t’a subjugué, ses soins, son air empressé te charment, et l’éloge de Philippe est toujours le même.

Le temps s’écoulait rapidement ; mon oncle se rétablissait à vue d’œil, et notre amour ne faisait que s’accroître. Depuis une semaine j’avais moins vu Euphrosine ; on l’avait fait sortir. Nous enragions de cette manie de courses dont madame de Closange était possédée, lorsqu’un dimanche après dîner j’aperçus mon amie, parée d’une robe de mousseline blanche, garnie vers le bas, autour des manches, à la ceinture, d’un joli ruban noir ; ses cheveux nattés avec art, étaient ornés d’un beau peigne.

— Où vas-tu, lui dis-je ? depuis quelque temps nous avions adopté le tu républicain.

— On me conduit à vêpres, me répondit-elle tristement.”

PHILIPPE.

Garde-toi bien d’y aller, j’ai une foule de choses à te dire ; et comme mon oncle me renvoie demain, je ne pourrai plus te parler qu’à la dérobée.

EUPHROSINE.

Que faire ?