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PHILIPPE.

Non, sans doute ; mais plus heureux qu’eux tous ensemble, je puis être votre amant.

EUPHROSINE.

Le joli nom.

PHILIPPE.

Et vous serez mon amie, ma maîtresse ; y consentez-vous ?

EUPHROSINE.

De tout mon cœur.

Je me relève, et sur les plus vermeilles lèvres, je porte, en soupirant, le premier baiser de l’amour.

EUPHROSINE.

Ah ! Philippe, quel baiser ! Je sens qu’il me dévore. Oh ! je vous en prie, n’embrassez pas ainsi tout le monde, surtout ma sœur, je vous le demande.

Je le lui promets, en admirant comme l’amour introduit sur-le-champ avec lui la jalousie. Nous nous jurâmes une tendresse éternelle, et je vis que je n’avais pas besoin de lui recommander le silence. La simple, la naïve Euphrosine apprit la dissimulation en apprenant à aimer. Le lendemain de ce jour heureux, je lui demandai une tresse de ses beaux cheveux. Avant de me les accorder, elle exigea la réciproque ; et depuis, nous nous parâmes de ces mutuels cadeaux. Je voyais à tout moment mon