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la nature que je brûlai véritablement, et j’ai pu l’oublier !… ô caractère !…

Voir Euphrosine, l’aimer, l’adorer, ce fut fait dans la minute. Avec quel empressement je me plaçai auprès d’elle ! comme je cherchai à me faire distinguer du reste des jeunes gens aimables dont déjà j’étais jaloux ! Depuis deux heures nous étions entrés dans cette maison, et il me semblait que je ne faisais que poser mon chapeau ; lorsque maman se leva, il fallut partir.

— Nous vous reverrons, monsieur Philippe, me dit Euphrosine ?

— Oh ! oui, demain, certainement, m’écriai-je avec une vivacité qui fit rire l’assemblée. En sortant de l’appartement, je reconnus, dans une surprise joyeuse, qu’un de mes oncles habitait le même logis : grand fut mon plaisir, et plus grand encore fut l’accès de tendresse qui me prit pour mon cher oncle ; le lendemain je parus chez lui.

— Ah ! te voilà, mon ami, me dit-il ; comment te portes-tu ?

— Bien ; et vous, mon bon oncle ?

— Comme un malheureux que fait cruellement souffrir cette goutte.

— Que je vous plains ! vous voilà retenu dans votre chambre pour fort longtemps.

— Pour un mois au moins.

— Un mois, mon oncle ! quel bonheur !

— Es tu fou ?

— Pardon ; mon étourderie est mon excuse ;