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sentiment secret m’a toujours éloigné des domestiques ; je ne saurais point me familiariser avec eux. Cependant Fanchette fit une exception à la règle : je la voyais tous les jours ; ses attraits se présentaient de toutes manières à mes yeux ; peu à peu je me rapprochai d’elle : quand je la rencontrais dans l’antichambre ou sur l’escalier, je lui dérobais quelques baisers qu’elle me rendait avec usure ; je la serrais contre moi. Enfin, elle cessa de m’opposer une faible résistance, et je vis qu’il ne me fallait trouver que l’occasion.

Le matin, lorsque Robert, mon valet de chambre, était occupé par moi, Fanchette montait dans mon appartement, et elle faisait mon lit et rangeait mon linge, dont elle avait le soin. Robert, envoyé aux extrémités de la ville par M. Philippe, était sorti pour longtemps ; Fanchette instruite de son départ, se présenta alors chez moi pour remplir ses fonctions accoutumées. Il commençait à faire chaud, Fanchette ne portait pour tout habillement qu’une courte jupe, et un léger mouchoir de toile, sans épingle, me dérobait les dômes du trône de l’amour. La chaleur de l’atmosphère avait animé les joues de Fanchette, et les roses colorant les lis de son teint lui donnaient un éclat surprenant ; sa vue fut jusqu’à mon cœur que je sentais battre impétueusement : je ne peux me retenir, et m’élançant vers Fanchette, la bouche ouverte, respirant du feu, les bras