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mes camarades, je fus nommé le premier. Enfin je vis luire le jour qui devait éclairer mon jeune triomphe : sept couronnes furent placées sur ma tête ; le public, instruit d’avance de mon aventure, m’accueillit avec transport lorsque je parus devant lui, encore pâle du sang que j’avais perdu, et versant de nobles larmes sur les palmes qui m’étaient décernées. Qu’il est beau ce jour où les prix se distribuent ! Avec quelle impatience il est attendu des élèves et des parents ! Les premiers, avides de gloire et jaloux de prouver leurs succès, n’épargnent rien pour briller ce jour-là ; les seconds, émus d’une douce satisfaction, pleurent de joie, pressent dans leurs bras les fruits aimables de leur tendresse.

Ici cette mère parée de ses plus riches atours, se fait remarquer encore plus par l’allégresse qui éclate sur sa figure ; auprès d’elle sont les jeunes sœurs du vainqueur, l’œil fixe, le cou tendu, battent de leurs mains longtemps encore après que les applaudissements sont finis.

Ici une beauté, rose naissante, sent battre son cœur à l’aspect de l’heureux écolier qu’en riant on appelle son mari ; partout est le contentement. Les familles des vaincus, des fainéants, des paresseux ne se montrent point à cette assemblée : ils sont chez eux, tandis que leurs fils, confondus dans la foule, se promettent de se distinguer aux exercices de la suivante année.

Un professeur se lève, partout s’étend le