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d’histoire, de latin, de dessin, de calcul, de musique, d’exercice littéraire, m’étaient destinés ces désespérantes nouvelles mettent en combustion les rhétoriciens, et même les philosophes : on s’assemble, on s’anime, il est décidé que vu mon inexactitude je me suis ôté le droit de concourir, et que je dois être rayé de la liste des aspirants, au beau prix de composition française. Quelques maîtres, qu’avait blessés mon indépendante fierté, entrent dans la conspiration ; mais le professeur d’histoire, homme savant et estimable, ne m’apercevant pas dans les cours, vient chez moi sans perdre de temps, et m’annonce ce qui se trame. Victime de la chaleur de mon sang, j’étais couché sur un lit, où me dévorait une ardente fièvre, tandis que des violentes hémorragies à chaque instant ajoutaient à ma faiblesse ; mais lorsque mon protecteur m’eût parlé, je me lève, rien ne m’arrête, une nouvelle flamme me ranime, et appuyé sur le bras du bon professeur, je me présente tout à coup dans la salle où l’on déclamait contre moi. Mes condisciples sachant que j’étais malade, ne croyaient point que je fasse en état de me défendre, et profitant de mon absence, ils portaient leurs prétendues plaintes au pied de la chaire du principal. À ma vue, une surprise universelle se répand sur tous les visages, mes adversaires sont étonnés, les maîtres ennemis me regardent de travers ; mais le principal, sans rien écouter, m’ordonne de