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PROMENADES DANS TOUTES LES RUES DE PARIS.

à pied était représenté en costume de sacre. Il foulait une hydre à trois têtes, emblème de la Triple-Alliance, et était couronné par une Victoire. Au-dessous était l’inscription : « Viro Immortali », et d’autres inscriptions relatives à la conquête de la Franche-Comté, à la paix de Nimègue, à l’abolition des duels, à la destruction de l’hérésie, etc. Les bas-reliefs du piédestal représentaient la préséance de la France sur l’Espagne en 1663, la conquête de la Franche-Comté en 1668, le passage du Rhin en 1672 et la paix de Nimègue en 1678. Aux angles du piédestal se trouvaient les statues de quatre esclaves chargés de chaînes et représentant les nations vaincues. (L’Espagne, la Hollande, la Turquie et l’Allemagne.) Ces statues d’esclaves, enlevées en 1790, sont actuellement aux Invalides. La place était en outre décorée de quatre groupes de trois colonnes, et chacun de ces groupes était orné de médaillons et surmonté d’un fanal, dont l’éclairage était entretenu par une donation du maréchal. Ces colonnes portaient des inscriptions relatives à la bataille de Rocroy, au rétablissement de la discipline militaire, à la réforme de la justice, à la prise de Maastricht, à la bataille de Senef, à la soumission de Gênes, etc. Les voisins de la place firent une réclamation au sujet des fanaux. Ils prétendaient que cet éclairage attirait trop de monde la nuit dans ces parages, et qu’il en résultait du tapage. Peut-être, d’un autre côté, craignait-on le côté un peu ridicule de ces fanaux, car alors circulaient ces vers dus à un Gascon :

La Feuillade, sandis, je crois que tu me bernes
De placer le soleil entre quatre lanternes.

Toujours est-il qu’à partir de 1699 les fanaux ne furent plus allumés, et plus tard le Régent les fit enle-