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plus aimable dans sa simplicité. Arrière-petite-fille du héros de Fontenoy, née entre deux danses la première année de l’Empire, jouant à la poupée à Madrid dans un palais, « aide de camp » de Murât à quatre ans, et presque aussitôt privée de son père, un hussard poète et artiste ; victime de l’affection jalouse de sa mère et de sa grand’mère, tiraillée entre la femme du peuple et la grande dame de l’ancien régime ; enseignée par le plus dévoué et le plus cuistre des pédagogues ; jetée dans un couvent, où elle se révolte, languit, puis s’exalte ; mariée enfin sans discernement, humiliée et comprimée dans une vie sans intelligence et sans joie ; puis séparée de son grossier maître, rendue à la liberté, se jetant dans la littérature à corps perdu en attendant la politique, s’honorant d’illustres amitiés ; enfin, revenue de beaucoup d’illusions, mais toujours noble et généreuse, charitable aux petits, sincère aux grands, et consacrant à la famille, à ses petits-enfants, ce qu’il lui restait de cœur et de génie, — fut-il plus belle vie que la sienne, et plus utile à raconter ?