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En passant, nous extrayons d’une lettre de Cyprien un petit paragraphe, qui montre qu’alors les Évêques scrupuleux, ne se permettaient pas de conduire l’Église, sans la consulter, et de rien faire sans son approbation.

Quant au point particulier sur lequel on m’a écrit, je ne puis rien décider tout seul ; car dès les premiers temps où j’ai été élevé à la charge d’Évêque, j’ai résolu de ne rien faire sans votre approbation et sans le consentement du peuple. Mais lorsque je serai retourné auprès de vous par la grâce de Dieu, nous nous occuperons en commun de toutes ces choses.

La citation suivante est relative à l’élection d’Ambroise, comme Évêque de Milan, environ l’an 374. Quoique alors il y eut déjà de la dégénération dans l’Église, et que les empereurs influassent déjà considérablement sur le choix des Évêques ; on verra cependant par cette citation que le peuple n’en avait pas encore été exclu.

Nous avons déjà vu qu’Auxence était parvenu à tromper Valentinien par ses artifices, et qu’il avait conservé son Église jusqu’à sa mort, arrivée en 374. Les Évêques de la province se réunirent immédiatement pour lui élire un successeur. L’empereur les envoya chercher, et leur dit, que connaissant, comme ils le faisaient, le volume sacré, ils devaient mieux comprendre que lui quelles étaient les qualités nécessaires pour bien remplir une charge aussi importante. « Choisissez, » leur dit-il, « un homme qui soit propre à instruire par sa vie, aussi, bien que par sa doctrine, et nous soumettrons nous-même, avec empressement, notre sceptre à ses conseils et à ses directions ; et, sentant que nous sommes des hommes sujets à la fragilité humaine, nous recevrons comme une discipline salutaire ses réprimandes et ses exhortations. » Les Évêques le prièrent de nommer la personne qu’il désirait ; mais Valentinien était décidé à leur en laisser la détermination, les regardant comme plus capables de décider que lui. Cependant les factions étaient fortes, et le parti arien travaillait vigoureusement à donner à Auxence un successeur digne de lui. La ville était partagée ; on craignait qu’il n’y eut du tumulte : les Évêques étaient encore indécis, et Ambroise, apprenant l’état des choses, se hâta de se rendre à l’Église de Milan, et exhorta le peuple à la paix et à la soumission aux lois. Lorsqu’il eut fini son discours, une voix d’enfant dit, du milieu de la foule : Ambroise est évêque ! On sai-