s’abandonner au désir de son amant, s’il y
trouve plaisir et avantage, en quoi y a-t-il là
offense au prochain ? Ne serait-ce pas folie que
d’en vouloir trouver une ? Si le libre arbitre, cet
admirable don de Dieu, nous donne la volonté
et le pouvoir de disposer, comme nous l’entendons,
de ce qui est à nous, pourquoi excepterions-nous
ce seul point ? Quoi ! vous pouvez
prêter une maison, un cheval, un chien, et
vous ne pourrez pas vous prêter vous-même !
Y a-t-il un tyran assez cruel pour donner la
liberté à son esclave en lui défendant de s’en
servir ? Dieu nous aura donc faits libres pour
nous rendre esclaves de nos passions et de
leurs mouvements déréglés ?…
„ Donc, comment Dieu qui nous a créés fragiles, blâmerait-il nos faiblesses ? Ce serait blâmer son œuvre. Est-ce que, par hasard, il verrait notre bonheur avec peine, est-ce qu’il verrait nos plaisirs et nos jouissances d’un œil d’envie ? Si le plaisir ne jetait pas quelque baume sur les misères de la pauvre humanité, ce monde serait proprement la caverne de Pluton. L’homme ne serait pas le roi des ani-