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ALCIBIADE


fleur aussi précieuse que la vôtre ne peut qu’exciter le désir de la cueillir. Les abeilles actives et industrieuses ont déjà sans doute butiné votre miel ; il est impossible que votre grâce incomparable soit restée jusqu’à ce jour oiseuse et inutile. Est-ce que le doux minois des jolis bambins ne reçoit pas déjà dans le berceau et dans les bras de la nourrice les baisers et les caresses lascives des amants enflammés ? Est-ce que dans la fraîcheur délicate des plantes naissantes, on ne devine pas déjà l’incarnat velouté de leurs fruits près d’éclore ? Est-ce que la brise elle-même qui les caresse ne semble pas les envelopper avec amour de ses molles étreintes, comme pour les baisers et pour en jouir ? Et que doit-ce donc être d’un garçon comme vous en sa florissante saison ?

„ — Je ne saurais nier, répondit Alcibiade, que nombre d’amants ne m’aient jusqu’à ce jour suivi et pourchassé, mais l’inquiète sollicitude de mes parents a mis une barrière à leurs désirs. Il est vrai qu’avec les jeunes garçons de mon âge, j’ai hasardé quelques privautés, qu’ils m’ont rendues, mais je n’en ai pas conservé un