L’ORGANISATION MUNICIPALE DE PARIS. 91
déclara ensuite qu’il n’avait rien à ajouter aux paroles
de S. A. R., h que tout ce qu’elle entreprendroit
estoit pour la conservation et la seureté de Paris, à
l’effet de quoy il donneroit volontiers sa vie et son
sang a. Le Prévôt des marchands répliqua par quelques
mots de remercîment ; après quoi, les princes se
retirèrent, « faisant grande monstre de la paille qu’ilz
portoient, avec des gestes qui ne pronostiquoient
rien de bon ». Aussitôt après le départ des princes,
une fusillade très nourrie fut dirigée de la place de
Grève contre l’Hôtel de Ville. En même temps, les
agresseurs mirent le feu aux portes de l’arcade SaintJean
et du Saint-Esprit. Le cheval de la statue de
Henri IV, au-dessus de la porte principale, fut mis en
pièces. Repoussés un instant par les archers de la
Ville, les assaillants triomphèrent bientôt de cette
poignée d’hommes .et envahirent les appartements du
greffier et la garde-robe où s’étaient réfugiés les
mandés. Le greffier Lemaire, ayant refusé de dire où
se trouvait l’argent des rentes, tomba percé de dixsept
coups de poignard. Guillois, premier échevin,
reçut un coup d’arquebuse ; M. Miron, maître des
comptes, un coup de pistolet dont il mourut le lendemain
un ancien échevin, nommé Yon, fut massacré
par des furieux qui le prenaient pour le Prévôt des
marchands. M. Legras, maître des requêtes, Le Boulanger,
auditeur des comptes, de Janvry, conseiller
au Parlement, subirent le même sort. Le curé de
Saint-Jean voulut parler, mais il tomba aussitôt,
frappé d’une balle à la tête ; son vicaire, croyant
apaiser les assassins, vint se placer au grand portail
et présenta à la foule le Saint-Sacrement. Mais la
fusillade continua. Ni le duc d’Orléans, ni Condé, ne