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LES DEUX COURONNES DE HENRI III. 41

et le moien qu’il avoit de vivre n’estoit que par emprunts ».

Le peuple le méprisait profondément. Dans la nuit de 9 au 10 mai, le reliquaire de la vraie croix fut volé à la Sainte-Chapelle. Ce fut un grand événement. Les capitaines de la milice parisienne fouillaient ceux qui sortaient de la ville. On arrêta sur la Seine la circulation des bateaux. Une récompense de cinq cents écus fut promise à celui qui découvrirait le voleur. Le roi, la reine, toute la cour, vinrent assister à une procession solennelle pour obtenir du ciel la punition de ce sacrilège. Et cependant la commMHe opinion était que le roi et sa mère avaient envoyé la vraie croix en Italie pour gage d’une grosse somme d’argent. Voilà où en était la couronne de France. Vivant au jour le jour, donnant ce qu’il n’avait encore pas, sans aucune pitié pour les souffrances du peuple, le roi accablait les bonnes villes, et surtout les bourgeois de Paris, de demandes d’argent multipliées. Déjà Charles IX, au mois de mars 1874, avait déclaré à la Ville « qu’il avait advisé prendre le quart des rentes constituées sur la dicte Ville au-dessus de douze cens livres, par prest et advance seullement, lequel quart il rendroit incontinent et à ’la première commodité qu’il en auroit ». Le Prévôt des marchands s’était récrié, « en suppliant très instamment Sa Majesté de ne pas toucher aux rentes, afin de maintenir la foy publicque que luy et ses prédécesseurs roys avoient donnée à ses bons et loyaulx subjectz ». C’était à grand’peine qu’on avait obtenu du roi qu’il se contentât d’une somme de 600000 livres, une fois donnée. Un des premiers actes de la régente, après la mort de Charles, avait été de presser le recouvrement de cette somme