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30 HISTOIRE.

Polonais étaient jaloux de la préférence marquée que leur témoignait le souverain. Ils tournaient en dérision les façons polies et mignardes de ces étrangers qui, de leur côté, traitaient de sauvages les palatins de Sarmatie. Le roi passait son temps à écrire aux dames de France. L’historien Mathieu dit tenir de Beaulieu, secrétaire des commandements, que Henri écrivait parfois « quarante ou cinquante lettres de sa main, et qu’il y en avait de trois feuilles ». Quand il adressait sa brûlante correspondance à la princesse de Condé, il tirait du sang de son doigt, et Souvray « ouvroit et fermoit la piqueure, à mesure qu’il fallait remplir la plume pour écrire a. Tel était l’éloignement du roi pour ses sujets de Pologne qu’il restait parfois au lit pendant plusieurs semaines, faisant le malade pour ne pas être obligé de paraître en public. Puis, passant brusquement d’un extrême à l’autre, il donnait à Niepolomie, près de Cracovie, des « festins et beuveries perpétuelles » qui le réconciliait un peu avec les palatins. « Les plus sages des François ne se pouvoient dispenser de boire au gré des Polonois, jusqu’à se faire porter de la table au lit. »

Pendant que le roi Henri de Pologne et son entourage français essayaient d’oublier ainsi leur ennui profond, un courrier, nommé Berny, apporta des nouvelles du roi Charles IX, Berny avait écouté aux portes ; il savait l’opinion des médecins « et le peu d’espérance qu’ils avaient ». La reine mère avait, il est vrai, refusé de dire quelle était son opinion sur l’état du roi, mais ce silence même était significatif. Henri recommanda au courrier de ne rien dire à personne. Il savait, au reste (par une dépêche chiffrée, adressée par Cheverny au médecin Miron), que