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qui étaient avec lui, qu’ils ne m’avaient point encore, pour ainsi dire, aperçu.

Babeuf rédigeait, à la table, son 44" numéro. Étaient avec lui Buonaroti et Pellé, secrétaire d’Héron. Je notifiai l’ordre dont j’étais porteur et donnai sur-le-champ l’ordre aux citoyens qui étaient, pendant ce court intervalle, arrivés à la chambre, de veiller aux fenêtres et aux moindres mouvements que ces messieurs tenteraient de faire. Ce fut à ce moment que la consternation la plus morne se peignit sur ces trois physionomies ils furent, comme l’on dit, tous les trois les bras cassés, et, quoique entourés d’armes à feu chargées jusqu’au bout du canon et de sabres, et que je leur eusse, dans les premiers moments, apparu seul, ils n’ont pas fait le moindre geste pour se mettre en défense. Babeuf s’est levé debout devant sa table. Buonaroti s’est occupé à cacher sous lui un papier qu’il a remis un instant après. Et Pellé m’a observé qu’il n’était pas compris dans l’ordre. Je lui ai répondu qu’il s’en expliquerait avec le ministre de la police générale. Babeuf, en se levant de dessus sa chaise, s’est écrié C’e~ est fait. la tyrannie l’emporte. Et, un moment après, il m’a demandé pourquoi j’obéissais à des maîtres. Je lui ai répondu que j’obéissais à un gouvernement pour lequel le peuple s’était franchement prononcé, et, sans perdre plus de temps en discours inutiles, j’ai continué mon opération. J’ai rassemblé les papiers qui m’ont paru les plus propres à confirmer la vérité de cette vaste et abominable conspiration. Pendant le court espace de temps que j’ai eu pour les examiner, j’ai fort bien remarqué des proclamations portant en tête, en lettres grosses et longues comme le doigt Constitution de 93 ou la mort, des ordres pour distribuer les poudres de Grenelle aux assassins et aux brigands chargés d’égorger le Directoire exécutif, les deux Conseils, l’état-major de la garde parisienne, les autorités constituées, de piller toutes les boutiques et magasins, enfin des affiches portant ces mots Ceux qui MMU~e~t à la souveraineté du peuple méritent <« mort, un cachet portant pour légende Salut Public. Tous ces papiers ont été renfermés dans un carton et transportés avec les prévenus au ministère de la police générale.