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BABEUF ET BARRAS. 28 S

l’ordre actuel des choses n’est pas le but que s’étaient proposé les hommes qui renversèrent la Bastille, le trône et Robespierre. Comme vous, je sais, moi, qu’il faut opérer un changement, que ce changement n’est pas aussi éloigné qu’on pou n’ait le croire, et lorsqu’on va le plus avoir besoin des patriotes pour l’opérer, ce changement, ils méditent notre ruine, notre mort ; ils se font, sans y songer peut-être, les instruments des émigrés, des fanatiques, des royalistes qui jamais ne se sont vus plus près de la monarchie. » Et Barras appuie sur cette prétendue complicité des babouvistes avec Pitt et Cobourg et les émigrés. Puis, s’adressant à Germain, pour savoir l’effet produit par son éloquence « Mais, voyons, que penses-tu de cela, mon camarade ? »

Germain répondit, en substance, « qu’il n’avait aucune connaissance des instigations de Pitt, de Cobourg, d’Isnard, de Rovère, etc. », mais qu’assurément le peuple était las de ses oppresseurs ; qu’il n’y avait aucun mouvement en préparation ; qu’enfin, les démocrates ne voulaient pas plus d’un prairial que d’un vendémiaire, car l’un a brisé les lois du peuple et l’autre a établi et assis celles des aristocrates ». Sur quoi, Barras, interrompant, exprima le regret de n’avoir pas, au 1rr vendémiaire « travaillé la marchandise pendant trois jours seulement, de manière à satisfaire les patriotes », et se répandit en menaces contre les royalistes. « Oui, s’écria-t-il, que le mouvement soit général et dirigé contre le royalisme ! J’ai du courage, j’ai des moyens et l’on me jugera. » Barras ajouta qu’il avait dernièrement parcouru le faubourg, mais que le peuple lui avait paru calme et paisible. « Si je l’eusse vu remuer, c’en était fait. Je