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BABEUF ET BARRAS. 273

I.-I8

Le gouvernement trouva sans doute que Babeuf devenait gênant et qu’il usait de sa prison parisienne comme d’un cabinet de rédaction. Aussi, le 28 ventôse an III, le fit-il transférer à la maison d’arrêt d’Arras, dite des Baudets, avec Lebois, rédacteur du Journal de r~~a~e.

Dans une autre prison, dite prison de la .P/’ou :~eHce, se trouvaient Taffoureau et Cochet, terroristes déterminés, et l’officier de hussards Charles Germain, un méridional fort intelligent et doué d’une grande faconde. Babeuf réussit à échanger avec ces détenus, notamment avec Germain, une correspondance très active. Ces deux hommes étaient faits pour s’entendre. Germain voulait tirer parti du mécontentement des soldats « réduits à un liard de paye par le discrédit des assignats et la cherté exorbitante des denrées ». Il déblatérait contre le gouvernement, « qui ne songeait qu’à assurer une existence paisible aux honnêtes gens, c’est-à-dire aux mirliflores, à la caste dévorante des riches propriétaires qui spéculent sur la richesse publique ». Opposant le luxe et l’abondance aux haillons et à la misère, il songeait à inaugurer le règne « de la vraie liberté, à faire jouir le peuple de la vraie Égalité », et, comptant sur la victoire des sans-culottes « qui ne s’abandonneront pas », s’écriait « Malgré tout, nous serons sauvés. Patience ! Patience ! Ça viendra ! » Quant à Babeuf, il s’épanchait en déclamations haineuses contre l’ordre social. A ses yeux, « le commerce n’a formé jusqu’ici que des lacs d’or au profit du petit nombre ». Il voit « sans chemises et sans souliers presque tous ceux qui font pousser le lin et le chanvre. Il voit également manquer à peu près de tout ceux qui tra-