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272 HISTOIRE.

livres pour prix de la liberté, il répond « Pourquoi pas trente millions ? On a trouvé sur moi six francs lorsque je suis entré dans la maison d’arrêt. Je demande qu’on aille chez moi ; on ne trouvera point quatre chemises à chacun de nous moi, ma femme et mes trois enfants ».

Le détenu correspond librement avec ses amis. Il engage, le 28 pluviôse, Bentabole, « mandataire du peuple », à « se ranger de son côté », parce qu’il y trouvera « plus d’honneur et de profit ». Il réussit même à faire imprimer et distribuer partout une brochure intitulée Gracchus Babeu f, tribun du peuple, à ses concitoyens 1 ; et qui débute ainsi « Du fond de mon cachot, qu’il me soit permis de dissiper tous les mensonges qu’on verse sur moi pour avoir le prétexte de me charger de fers,’). 11 y raconte à sa manière l’histoire de sa vie, se vante d’avoir « découvert dans la poussière des archives seigneuriales les affreux mystères des usurpations de la caste noble, d’avoir t/MMn’ec~oMMc en n89 contre les aides et gabelles » ; il se décerne la gloire d’avoir sauvé Paris de la famine en -)793, en qualité de secrétaire de l’administration des subsistances de la Commune ; traite de « cabale diabolique l’accusation de faux qui lui a valu une condamnation à vingt ans de fers, et s’attendrit sur sa femme, « une femme de la nature », et sur ses enfants « qui n’ont pas soupé ’tous les jours », sur son fils de neuf ans, qui « réunit toutes les vertus morales et patriotiques que le grand Rousseau n’attribuait que systématiquement à son Émile fictif ».

. Archives nat., F7, 4276.