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UN CERCUEIL DE NAPOLÉON. 261

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Je regardai surtout une grande veine blanchâtre dans la planche d’ébène qui forme la paroi latérale gauche, et je me disais Dans quelques mois le couvercle sera scellé sur cette bière, et mes yeux seront peut-être fermés depuis trois ou quatre mille ans avant qu’il soit-donné à d’autres yeux humains de voir ce que je vois en ce moment le dedans du cercueil de Napoléon. Je pris alors tous les morceaux du cercueil qui n’étaient pas encore ajustés ; je les soulevai et je les pesai dans mes mains. Le maître, voulant me donner une idée de l’ensemble, fit poser par six hommes le couvercle sur le cercueil. Je n’approuvai pas cette forme qu’on donne aujourd’hui à tous les cercueils, à tous les autels et à toutes les corbeilles de noces. J’eusse mieux aimé que Napoléon dormît dans une gaine égyptienne comme Sésostris ou dans un sarcophage roman comme Mérovée. Le simple est aussi du grand.

Sur le couvercle brillait en assez grandes lettres ce nom Napoléon. En quel métal sont ces lettres ? dis-je au maître. Il me répondit En cuivre, mais on les dorera. Il faut, repris-je, que ces lettres soient en or. Avant cent ans les lettres de cuivre seront oxydées, et auront rongé le bois du cercueil.

Combien les lettres en or coûteraient-elles à l’État ? Environ vingt mille francs, monsieur. Le soir même, j’allai chez M. Thiers, alors président du Conseil, et je lui dis la chose. Vous avez raison, me dit M. Thiers les lettres seront en or ; je vais en donner l’ordre. Trois jours après, le traité du 1S juillet a éclaté je ne sais si M. Thiers a donné les ordres, si on les a exécutés, et si les lettres qui sont aujourd’hui sur le cercueil sont des lettres d’or. Dans l’interview que m’a prise un journaliste on affirme qu’il fut donné satisfaction au désir de Victor Hugo, mais je n’ai rien dit de pareil, car je n’en sais rien.

Quoi qu’il en soit de ce détail, voici ce qui s’est 1. Voir l’Éclair du 12 juin~896.