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284 HISTOIRE.

Je veux néanmoins faire preuve de bonne volonté et je crois, d’ailleurs, la suite de mon histoire assez intéressante pour retenir un moment l’attention des curieux.’ Mon article du Temps avait été reproduit par beaucoup de journaux et, Provotelle me pressant, d’autre part, de lui donner une sanction pratique, j’allai trouver M. Carnot, président de la République, qui m’honorait de sa bienveillance. Je puise dans mes notes (où l’on trouvera plus tard bien des détails peu connus sur l’histoire de notre temps), quelques renseignements précis sur le cercueil de Mirabeau. Je les résume pour vous.

C’est le 16 juin 1890 que je remis à M. Carnot mon petit dossier, qui contenait les indications fournies par Provotelle, avec un plan sommaire que M. Vacquer, délégué aux fouilles de la Ville de Paris, avait eu l’obligeance de dresser à mon intention. Le président de la République reçut mes notes avec un vif intérêt, et me promit de s’en occuper. Il a tenu sa promesse. Le 26 juillet suivant, M. Xavier Charmes, directeur au ministère de l’Instruction publique, me pria de venir le voir. H me dit que son ami M. G. Pallain, alors directeur des douanes, s’intéressait beaucoup à la question. Toutes ces influences réunies aboutirent à une nouvelle enquête, d’autant plus que les renseignements fournis par l’ingénieur qui avait déjà dirigé les fouilles antérieures, concordaient avec les miens. Malheureusement, cet ingénieur venait de mourir. J’écrivis à Provotelle pour le prier de venir nous aider, mais c’est sa veuve qui me répondit

Le pauvre garçon était mort à Mont-de-Marsan, le S août 1890, laissant cinq enfants !

Il fallait donc se passer de ces utiles concours. Les fouilles commencèrent, dans la seconde quinzaine d’août 1890, sous la direction de M. Trélat fils, architecte de la Ville. On creusa de longues tranchées dans tous les sens, au préau de l’école du boulevard Saint-Marcel. Les ouvriers mirent au jour trois cercueils de pierre, dont Mn était vide, et d’innombrables cadavres empilés les uns sur les autres dans la fosse commune jusqu’à une profondeur de quatre ou cinq mètres.

Les corps étaient en pleine putréfaction et formaient une