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LE CLERGÉ ET LA MUNICIPALITÉ D’ERNEE. 159 partie déserts, ne sont pas sûrs de rapporter chez eux les grains qu’ils ont payés. De plus, le blé est séquestré dans le canton où on le récolte. Malheur aux étrangers qui veulent s’approvisionner en dehors de leur commune. Chaque district est en lutte contre le district voisin ; les femmes elles-mêmes s’en mêlent, et il n’est pas rare de les voir à la tête des émeutes.

Le Directoire de la Mayenne, plus ferme que beaucoup d’autres, essayait encore, en juin 1792, de faire respecter la loi et le principe de la liberté du commerce, ainsi que le prouve la délibération du 13 juin

Vu les procès-verbaux de la municipalité et district d’Ernée, en date des 4, 8 et 12 de ce mois, desquels il résulte que l’esprit d’agitation et de discorde, qui semble malheureusement régner dans la ville d’Ernée, a produit différens excès répréhensibles qui, s’ils restent impunis, en promettent de plus considérables encore que la vie et les propriétés des citoyens n’y sont plus en sûreté que l’oubli de la loi et le mépris des autorites constituées y sont portés au comble ; que, le 31 mai dernier, la gendarmerie nationale, à laquelle la municipalité avoit donné un réquisitoire pour prêter main-forte au nommé Louis Chérot, meunier de la paroisse de Chaillant, à l’effet de faire cesser des obstacles que des malintentionnés avoient apportés à l’enlèvement des grains par lui achetés au marché, avoit été insultée et menacée par un attroupement de différentes personnes ; que les femmes Grousset et Laigre, qui étoient à la tête de ces attroupemens, s’étant permis plusieurs excès, furent, sur la dénonciation de la municipalité et d’après un mandat d’arrêt du juge de paix, conduites dans la maison d’arrêt ; que, le 4 de ce mois, sur les six à sept heures du soir, les nommés Bouvier, Laigre, Fauquet, Droyer fils, Grousset fils, armés de haches et autres outils, s’étoient portés, suivis d’un rassemblement