Page:Robiquet - Histoire et Droit.djvu/12

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES DEUX COURONNES DE HENRI Ht. 5

Moncontour, le frère du roi devenait presque un rival. Catherine, qui connaissait la violence de Charles, tremblait pour le plus chéri de ses fils. Aussi, quand on apprit, en février 1872, que le roi de Pologne, Sigismond III, le dernier de la dynastie des Jagellons, était assez gravement malade pour qu’on pût prévoir l’ouverture prochaine de sa succession, le roi et la reine mère se trouvèrent d’accord pour mettre en avant la candidature du duc. Quant au roi, « il empoigna ardemment cette occasion, dit d’Aubigné, pour les jalousies prises et augmentées sur ce que les armées ne cognoissoyent plus que Monsieur ; et la reine mère se laissa aller à ce dessein sur la promesse des magiciens qu’elle verrait tous ses enfants rois ». Procédant avec les raffinements habituels de sa diplomatie secrète, Catherine envoya d’abord en Pologne une mission composée de personnages secondaires, afin de tâter’ le terrain et de réunir des renseignements exacts sur les dispositions de la noblesse polonaise. Ces premiers agents étaient le sieur de Balagny, fils naturel de Montluc, évêque de Valence ; Charbonneau, gentilhomme du Dauphiné ; Du Belle, baillif de Valence, et Jean Choisnin, secrétaire du même Montluc et auteur’des curieux Mémoires sur l’élévation de Henri au trône de Pologne. Pour donner le change aux puissances étrangères, les envoyés français, qui se présentaient comme de simples voyageurs, ne suivirent pas un itinéraire très direct. Ils visitèrent l’archiduc Ferdinand, à Inspruck, et furent parfaitement accueillis par Maximilien. Arrivés en Pologne, ils nouent immédiatement des intelligences avec les gentilshommes amis de la France, notamment avec le grand maître de la cham-