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exposition de la théorie de l’amour

haine, étant le contraire de l’amitié, serait l’amie de l’amitié, et de même la justice de l’injustice, la tempérance de l’intempérance, le bien du mal. Il n’est donc pas plus raisonnable de fonder l’amitié sur la contrariété que de la fonder sur la similitude (215 C-216 B).

§ 7.IV. Cependant, si ni le méchant n’est l’ami du méchant, ni le bon du bon, peut-être l’intermédiaire, c’est-à-dire ce qui n’est ni bon, ni mauvais, est-il l’ami de ce qui est bon. La beauté, dit-on encore, est ce qui fait naître l’amitié. Nous dirons donc que ce qui aime le bon, et aussi le beau lequel ressemble au bon, n’est soi-même ni bon ni beau. Il ne peut, en effet, être ami, ni du mauvais, qui ne saurait en aucun cas être aimé, ni du bon et mauvais à la fois, car ce serait alors, solution déjà exclue, amitié du semblable pour le semblable. — 1) Mais pourquoi ce qui n’est par soi-même ni bon, ni mauvais devient-il ami de ce qui est bon ? C’est à cause de la présence du mal : ainsi le corps, quand il est malade, aime la médecine. — 2) De plus, il ne suffit pas d’avoir dit que la présence du mal fait naître le désir du bon dans ce qui n’est ni bon, ni mauvais. Il faut ajouter que le mal ne doit pas, par sa présence, rendre entièrement mauvais le sujet qui en participe. Car alors le sujet, ayant cessé d’être à la fois bon et mauvais, perdrait et le désir du bon et le pouvoir de l’aimer ; car le mauvais ne peut, on l’a montré, être l’ami du bon. Celui qui possède la sagesse, homme ou dieu, ne peut plus l’aimer ; car le bon n’est pas l’ami du bon, son semblable. Mais d’autre part, celui qui ignore complètement la sagesse, ne peut en avoir non plus le désir ; car le mauvais n’est pas l’ami du bon, son contraire. Celui qui aime la sagesse, c’est celui qui en est dépourvu et qui sait pourtant qu’elle existe, c’est celui qui sait qu’il ne sait pas ce qu’il ne sait pas en effet. — Donc, soit relativement au corps, soit relativement à l’âme, il semble que cela seul soit ami du bon qui n’est ni bon, ni mauvais, et cela, à cause de la présence en lui du mal (216 C-218 C).

§ 8.V. Ces considérations, toutefois ne sont pas défini-