Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/498

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Philippe paraissait hésiter. D’autres îles chargées de petites forêts de cocotiers émergeaient à quelques kilomètres. Enfin Philippe parut se décider à rebrousser chemin : tournant le dos à ce petit archipel, il revint droit au premier îlot.

Première commission d’ingénieurs.
Première commission d’ingénieurs.

« Eh bien ! lui cria Barbe quand il aborda, tu oublies que nos instants sont précieux et que pendant que nous nous amusons aux paysages océaniens, j’ai mes cinq mille actions du tube de Panama qui baissent peut-être…

— Bah, dit Philippe, nous avons le temps ; le climat est superbe, la mer admirable ; le séjour dans ces petites îles doit être charmant ! Nous avons besoin de vivres frais et justement ces îlots abondent en cocos et en tortues… nous pouvons passer ici des semaines délicieuses…

— Papa l’a toujours dit, tu n’as pas l’esprit sérieux et pratique… Robinsonner dans cette île ? Y songes-tu ? Et ma banque qui périclite sans moi à New-York ! Je suis en train de perdre des millions peut-être en ce moment !

— Tu les regagneras ici… ma grande idée…

— Il devient fou !… voudrais-tu par hasard entreprendre le commerce des noix de coco ?

— J’ai une grande idée, te dis-je, une immense idée qui va engendrer une colossale affaire financière ! Les canaux, les tubes terriens ou sous-marins ne sont rien auprès de ce que je vais entreprendre !… Tout à l’heure, quand je me promenais d’île en île, ce n’était pas pour le paysage, c’était pour ma grande idée… je faisais une promenade d’études… depuis que nous sommes entrés en Polynésie j’examine, je médite, je calcule…

— Et tu nous fais échouer, navigateur distrait !… Et quelle est cette grande idée ?