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LES CHARMANTES DEMOISELLES DOUGLAS.
LES CHARMANTES DEMOISELLES DOUGLAS.


V


Le pensionnat matrimonial. — Collection d’âmes sœurs. Le yacht aérien l’ « Albatros » . — La plus longue ville du globe.


M. et Mme Ponto remercièrent chaudement leur pupille, lorsque, le soir même, Hélène et le réfractaire arrivèrent à l’hôtel. Les aventures tragi-comiques de Philippe firent les délices de la soirée. Maintenant que Philippe était sauvé, on pouvait rire des mormons grands et petits, des évêques, des prédicateurs, des colonies matrimoniales et de Correctional House, la salle de police des épouses, des mormonnes en général et de Mlles Douglas en particulier, des charmantes demoiselles Douglas qui offraient si gracieusement le thé aux célibataires !

« C’est égal, Philippe l’a échappé belle ! dit M. Ponto en terminant, et nous qui l’avons fait revenir de Turquie, pays moins shocking que la Nouvelle-Angleterre, pour terminer la grande affaire de son mariage… Tu sais, Philippe, que tout est réglé… Tu épouses dans six semaines Mlle Cardonnaz.

— Ah ! dit Philippe assez froidement.

— La famille Cardonnaz est à Mancheville ; nous allons partir ces jours-ci pour faire quelques semaines de villégiature, tu reverras ta fiancée à Mancheville.

—— Ah ! » dit encore Philippe.

Hélène avait quitté son fauteuil et sans bruit était montée à sa chambre. Sa gaieté de tout à l’heure, quand elle racontait les épisodes de la délivrance de Philippe, était partie tout à coup. Pourquoi ce changement soudain, ce serrement de cœur, et pourquoi cette larme que, dans l’obscurité, la jeune fille laisse couler lentement sur sa joue ?