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— Mesdames ! fit Hélène en saluant.

— J’irai droit au fait, mademoiselle, dit une des dames ; dans un article publié par l’Époque de ce matin, vous parlez de M. le baron Valentin de Saint-Panachard… »

Les témoins de Mme de Saint-Panachard.
Les témoins de Mme de Saint-Panachard.

Hélène se souvint. La veille, en suivant dans le téléphonoscope une première représentation au théâtre des Folies-Bougival, Mme Ponto lui avait fait la nomenclature des notabilités du tout Paris masculin et féminin, aperçues dans la salle. M. le baron de Saint-Panachard était dans le nombre ; Hélène se souvenait de ce nom. Mais qu’avait-elle pu dire qui fût de nature à froisser ce susceptible Saint-Panachard ? Elle n’en avait plus aucune idée.

« Voici, poursuivit la dame, les propres termes de votre article : Une baignoire d’avant-scène abrite M. Valentin de Saint-Panachard avec certain chignon roux, admirablement porté par une élégante demoiselle du corps de ballet de l’Opéra. Nous avons l’honneur, mademoiselle, de vous demander des excuses ou une réparation par les armes, au nom de…

— En quoi cette simple phrase peut-elle froisser M. Valentin de Saint-Panachard ? demanda Hélène considérablement ennuyée.

— Permettez, fit le rédacteur en chef ; en principe, mademoiselle refuse les excuses et se déclare toute prête à vous accorder la réparation par les armes… mais elle vous demande quelle offense M. de Saint-Panachard a pu voir dans la phrase qui l’a froissé ?

— Attendez ! fit la dame, nous demandons des excuses ou une réparation par les armes au nom de Mme la baronne de Saint-Panachard !

— De Mme la baronne ! s’écrièrent Hélène et son rédacteur en chef aussi surpris l’un que l’autre.

— Sans doute ! c’est elle qui est l’offensée ! dire qu’on a vu M. Valentin de Saint-Panachard dans une baignoire avec un chignon roux du corps de ballet constitue une injure grave envers Mme de Saint-Panachard ; cela revient à dire que son mari la dédaigne, qu’il ne se cache pas pour afficher