voyez que vous avez de l’espoir, dans trente ou trente-cinq ans au plus, ce sera votre tour…
— Monsieur, agréez tous mes remerciements…
— Il n’y a pas de quoi… je souhaite vivement, mademoiselle, répondre à votre discours de réception… dans trente-cinq ans ! »
L’aspirante immortelle reprit le tube pour Paris, heureuse d’être inscrite sur les registres de l’illustre Compagnie.
Pour se reposer de son voyage en Espagne, Hélène résolut de ne visiter le lendemain que les académiciens domiciliés à Paris. L’un d’eux, justement, demeurait dans le quartier de M. Ponto, du côté de Bougival. Hélène commença par celui-là ; mais avant de sortir, se souvenant de son embarras de la veille, elle demanda un supplément de renseignements sur l’académicien à son tuteur.
— M. Camille Gildas ? dit M. Ponto, c’est comme reporter qu’il est de l’Académie française, section des journalistes. Vous devez avoir souvent lu ou entendu de sa prose : le quadruple assassinat de la rue *** à *** ou bien, découpé en petites tranches étiquetées : Le théâtre du crime… Le drame… Découverte des cadavres… Nos présomptions… La piste de l’assassin ! ou encore :
« La catastrophe de Tripoli. Six cents cadavres. Parti en toute hâte par train spécial du tube transméditerranéen, nous arrivons à Tripoli une heure et demie seulement après l’explosion ! Le quartier manufacturier est en flammes ; l’horreur du spectacle nous pénètre malgré nous à cette première minute, mais, nous revêtons notre costume incombustible et, la hache à la main, nous nous lançons à travers les flammes en déroulant derrière nous le fil qui vous transmet cette dépêche… »
« Bien, dit Hélène en montant en aérocab, je sais ce que je dirai… »
Son aérocab la porta en trois minutes au débarcadère de la maison de M. Camille Gildas.
« Que désire madame ? demanda le concierge en sortant de son petit belvédère.